Comment les données des SIGE stimulent-elles les réformes de l'éducation : cas de la Gambie

En Gambie, comme dans bien d’autres pays, les données du SIGE ont été à la base des décisions prises par les responsables du secteur de l'éducation et les diverses parties prenantes impliquées dans les processus de prise de décision. Au fil des ans, le pays a amélioré son SIGE afin de le rendre davantage axé sur la demande. Voici comment il y est parvenu.

Des élèves partageant un manuel scolaire dans leur salle de classe en Gambie. Février 2019. Credit: GPE/Jim Cham

Au début des années 90, la Gambie disposait d'un système d'information pour la gestion de l'éducation (SIGE) plutôt traditionnel, axé sur l'offre et consistant en une simple compilation de données, comme ceux de la plupart des pays à faible revenu. Ce système ne fournissait que des données brutes, généralement extraites d'une base (de données) et parfois quelques indicateurs.

Mais cela ne donnait pas une représentation holistique de la réalité de chaque école. Nous avons depuis lors fait d’énormes progrès pour rendre le système beaucoup plus axé sur la demande.

Les fiches d’évaluation des écoles comme outils de partage d'informations, de dialogue politique et d'amélioration des performances du secteur de l’éducation

En Gambie, les données du SIGE ont guidé l’essentiel des décisions prises par les gestionnaires du secteur de l'éducation et les parties prenantes impliquées dans le processus de prise de décision. Elles sont utilisées par exemple pour aider à accroître la transparence des programmes d’alimentation scolaire et des financements destinés à l’amélioration des écoles, influencées par les « fiches d’évaluation » de ces dernières. Le SIGE donne ainsi une idée de la performance de l’école et constitue un moyen d’évaluer ses performances.

Les parents et les communautés utilisent également les fiches d’évaluation des écoles pour éclairer leurs décisions en matière de choix d’écoles pour leurs enfants, en particulier pour ceux qui doivent passer du premier au second cycle du primaire ou du secondaire.

La fiche d’évaluation d’une école a un profil similaire à celui d’un bulletin scolaire. Elle fournit des données comparatives sur l’éducation et constitue donc un moyen par lequel les parties prenantes peuvent évaluer les performances des différentes écoles. Elle livre ainsi des éléments de comparaison entre institutions similaires, afin de les rendre plus justes et plus pertinentes. S'il s'avère que les notes en mathématiques sont particulièrement faibles dans une école, par exemple, cela incitera ladite école et le personnel du Ministère de l'éducation à affecter les ressources nécessaires pour la mise en œuvre de cours de rattrapage en mathématiques et/ou pour le renforcement des capacités des enseignants, selon les besoins.

La fiche d’évaluation d’une école sert non seulement d'outil de rétroaction du SIGE et des bureaux centraux à l'école et à la communauté, mais aussi à stimuler les discussions entre les décideurs, les administrateurs scolaires et d'autres parties prenantes (parents, communautés et élèves) sur la façon d'améliorer les performances de l'établissement concerné.

Cette fiche d’évaluation est donc un outil utilisé lors des réunions de suivi des performances scolaires. Ces réunions, souvent présidées par le responsable ou le représentant du comité de gestion de l'école, se concentrent sur les performances des écoles sur la base des ressources qui leur ont été allouées. On s'attend ainsi à ce que les écoles maintiennent de bonnes performances et comblent leurs lacunes. Par conséquent, ces réunions sont une condition préalable à la planification pour l'amélioration des écoles.

Pour une meilleure intégration et une utilisation au mieux des données

Ces rapports sur les résultats du SIGE, tels que les fiches d’évaluation des écoles et des communautés, ont contribué à une meilleure appréciation du SIGE et ont offert un bon exemple d'intégration de données à partir de diverses bases et fiches de données (inscriptions, évaluations et examens, enseignants et aménagements divers).

Cet effort montre à quel point les données sont essentielles pour effectuer des améliorations dans le secteur de l'éducation, notamment en augmentant la demande en termes de données au niveau des écoles en plus de l'offre qui provient traditionnellement des planificateurs du secteur de l'éducation. Ce processus renforce l'utilisation des données à tous les niveaux, de la direction de la planification au Ministère de l’éducation aux écoles dans les communautés. De plus, l'élaboration de ces fiches d’évaluation des écoles implique la collaboration et la participation actives d'autres parties prenantes.

En Gambie, l’institution en charge des fiches d’évaluation des écoles est la Direction des normes et de l'assurance qualité (SQAD). C’est elle qui détermine le contenu, les paramètres, les indicateurs et le ton du message à utiliser sur ces fiches.

La Direction de l'analyse de la politique de planification, de la recherche et de la budgétisation (PPARBD) qui est responsable de la collecte des données du SIGE, assure la collecte, le calcul, la conception et la production des fiches personnalisées pour chaque école.

Celles-ci sont ensuite envoyées aux écoles par la SQAD, avec l'aide des moniteurs des Cluster qui sont des experts pédagogiques qui soutiennent l'amélioration de la qualité l’éducation. Ces derniers se chargent donc d’inviter les parents, via les directions régionales, à des réunions où on leur explique le rôle et l’importance de ces fiches d’évaluation des écoles.

Des données qui renforcent les liens de complémentarité entre les acteurs de l'éducation

La disponibilité des données du SIGE en temps opportun au sein de l'Unité de planification et du SIGE renseigne sur l'enveloppe des ressources et le paiement des subventions accordées aux écoles pour l'amélioration de leur fonctionnement qui, quant à elles, dépendent de l'Unité du budget et des finances.

La subvention accordée à chaque école est calculée sur la base des données officielles sur les inscriptions fournies par le PPARBD. Son décaissement dépend quant à lui d’un plan d'amélioration scolaire qui doit avoir été approuvé par le comité de gestion de l'école et par l’inspection régionale. La préparation du plan d’amélioration scolaire au niveau de l’école dépend de la préparation et de l’impression à temps des fiches d’évaluation communautaires par le PPARBD.

En 2010, l'approche qui combine l'offre et la demande de données était efficace, basée sur la fourniture aux écoles et aux communautés d'une vision plus holistique de chaque école.

Ceci a été réalisé grâce à la collaboration de différentes unités au sein du ministère, dans le but à la fois de produire les données, leur ajouter de la valeur et assurer leur utilisation au niveau des écoles.

L'intégration de ces éléments dans les bases de données a également permis au Ministère d'ajouter de la valeur à ce qui n'était traditionnellement que des données brutes.

Étendre l’usage des données et les collaborations

De plus en plus de personnes et de parties prenantes du secteur de l'éducation impliquées tant dans l’élaboration que la mise en œuvre des politiques publiques continuent de trouver des moyens utiles d'utiliser les données du SIGE pour répondre à leurs besoins. Même les écoles privées, jusque-là réticentes à participer au SIGE, explorent désormais des moyens d’adopter cette culture de collecte et d'utilisation des données et quelle valeur elle pourrait avoir.

Aujourd'hui, les données sont plus essentielles que jamais pour adapter et cibler les interventions critiques telles que les financements pour l’amélioration des écoles et mobiliser les efforts du gouvernement et des partenaires de développement pour faire avancer le changement de politique.

La culture de la prise de décision fondée sur les données dans le secteur de l'éducation en est encore à ses balbutiements. Cependant, la quête de données plus nombreuses et actualisées prouve bien que toutes les parties prenantes (décideurs, planificateurs, chefs d'établissement, comités de gestion scolaire) sont prêtes à adopter de nouveaux outils de collecte des données, de nouvelles stratégies et de nouvelles solutions. Par conséquent, l'unité responsable du SIGE a été confrontée à une demande de données, nouvelle, qui nécessite un changement de paradigme et de passer notamment d'une approche macro à une approche micro.

Pour renforcer ces acquis et ces impacts positifs démontrés sur le dialogue et le débat sur la politique éducative, diverses techniques doivent être réunies pour soutenir et nourrir le Plan stratégique du secteur de l'éducation (PSSE) sur le SIGE.

La culture de la prise de décision fondée sur les données doit consolider les contributions de la communauté des statisticiens et des scientifiques des données, des organisations du secteur social, des partenaires des secteurs public et privé, des communautés, des praticiens et des décideurs.

Dans le cadre des efforts visant à accroître la participation et l'implication des parties prenantes sur la base des leçons tirées de la table ronde sur les solutions relatives aux données sur l’éducation menée par le GPE, où les efforts dirigés par le secteur privé étaient centraux, le ministère s'efforce de mettre en œuvre une approche secteur public-privé pour une numérisation des fiches d’évaluation des écoles. Il s'associe également à des organisations comme la Banque mondiale, le GPE, l'ADEA et l'Université d'Oslo dans le but d’étendre un nouveau modèle de SIGE à utiliser dans tous les établissements du pays.

En outre, nous travaillons de manière stratégique avec des partenaires pour continuer à partager les bonnes pratiques que le ministère de l'Éducation et son équipe SIGE peuvent utiliser pour libérer tout le potentiel des données et les mettre véritablement au service du développement.

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