Parvenir à la paix et au développement grâce à l'innovation scientifique

La Journée mondiale de la science au service de la paix et du développement est célébrée le 10 novembre.

Une élève utilisant sa tablette électronique dans sa salle de classe. CREDIT: PME/Deepa Srikantaiah
Une élève du lycée Mary-Hill engagée dans des innovations scientifiques lors d'une visite scolaire au laboratoire d'innovations CEMASTEA. CREDIT: CEMASTEA, 2019
Une discussion de groupe sur l'analyse de l’intégration de la notion de genre dans les apprentissages CREDIT: CEMASTEA, 2019
Enseignants participant à une session analysant les facteurs qui entravent ou facilitent l’apprentissage des STEM pour les enfants. CREDIT: CEMASTEA, 2019

Cet article est le 12ème d'une série de blogs publiée en 2019 dans le cadre d'une collaboration entre l'Association pour le développement de l'éducation en Afrique (ADEA) et le Partenariat mondial pour l'éducation (PME).

La première Journée mondiale de la science au service de la paix et du développement a été célébrée dans le monde entier le 10 novembre 2002, sous les auspices de l'UNESCO. On célèbre cette journée dans le but de démontrer l’importance du rôle de la science et des scientifiques pour des sociétés durables et la nécessité d’informer et de faire participer les citoyens à la science. Le thème de cette année est « Science ouverte, ne laisser personne pour compte. »

L'innovation est strictement liée à l'investissement dans les STEM

L'innovation scientifique constitue la base d'un développement socio-économique durable et de sociétés pacifiques. La population mondiale croît à un taux d’environ 1,08 % par an, contre 1,14 % en 2016. La population mondiale devrait compter 82 millions de personnes de plus par an, tout en faisant face à divers défis tels que le changement climatique, des ressources insuffisantes, la nutrition, la santé et les maladies. Les compétences en innovation scientifique ont le potentiel de transformer les sociétés car la concurrence pour les ressources ne cesse de croître et seuls les esprits novateurs bénéficieront des fruits de l'avenir du travail.

Alors que nous célébrons la Journée mondiale de la science, nous devrions nous demander de quelle manière nous pouvons exploiter le potentiel des jeunes en déployant des efforts délibérés pour les doter de compétences en innovation scientifique leur permettant de surmonter les défis du développement.

L’insuffisance des ressources humaines contribue à retarder la paix et le développement. La capacité des jeunes à innover est entravée par le faible investissement en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STEM).

La plupart des pays en développement n’offrent pas de programmes structurés aux jeunes non scolarisés qui, pour diverses raisons, n’ont pas achevé leurs études. En revanche, la scolarisation dans les matières STEM est inversement proportionnelle à la demande de compétences dans ces disciplines. Cela devrait changer, compte tenu des aspirations mondiales et continentales en matière de développement durable et de dividendes des jeunes.

Les enseignants comme agents de changement

L'innovation incarne des pensées créatives, de nouvelles imaginations et l'application de meilleures solutions pour répondre aux besoins existants. Les compétences scientifiques renvoient à des aspects spécifiques de l'intuition et à l'expertise dans l'utilisation de la science pour résoudre des problèmes de la vie réelle.

Celles-ci incluent les compétences, attitudes, connaissances et pratiques spécifiques accumulées au fil du temps par un individu. Le type de pratiques d’enseignement et d’apprentissage devient une priorité dans cette discussion en raison des bases posées pendant la scolarité. Certains systèmes scolaires ne font que générer des notes d’examens uniquement utiles à la carrière des apprenants, en lieu et place d’un apprentissage constructif qui favorise la paix et le développement.

Dans le but de développer chez les apprenants des compétences en matière d’innovations scientifiques, le Kenya et d'autres pays africains continuent d'intensifier leurs efforts pour renforcer leurs capacités en termes de ressources humaines. Les enseignants en tant qu’agents de changement sont au centre de cet effort visant à relier les intentions politiques aux pratiques en classe et à la culture de l’école.

Le Centre pour l’enseignement des mathématiques, des sciences et des technologies en Afrique (CEMASTEA - en anglais) est le fer de lance des programmes de développement professionnel continu des enseignants dans le domaine de la formation aux STEM, aux niveaux national et international. Les interventions comprennent le processus de transformation des écoles en modèles STEM, des programmes de développement des capacités des enseignants en matière d’éducation STEM intégrant les notions de genre, de leadership pédagogique et de culture de l’école.

Un changement tangible est en cours

Le processus de transformation des écoles visant à modéliser la culture d’apprentissage interdisciplinaire des STEM peut permettre aux apprenants d’acquérir les compétences nécessaires pour utiliser les connaissances scientifiques, afin de résoudre des problèmes concrets aux niveaux individuel, scolaire, familial et communautaire.

Certains des premiers résultats de ces processus sont manifestes chez les enseignants africains qui ont récemment reçu des prix aux niveaux continental et mondial pour leurs innovations scientifiques. Peter Tabichi, professeur de sciences à Nakuru, au Kenya, a remporté le Global Teacher Prize (en anglais) lors du Forum mondial sur l'éducation et les compétences de cette année, alors que Erick Ademba de l'école de filles d’Asumbi au Kenya a été l'un des trois récipiendaires de la première édition du Prix continental des enseignants de l'Union africaine, avec Gladyce Kachope, de l’école pour filles Immaculate Heart de Nyakibale en Ouganda, et Augusta Lartey-Young de l’école secondaire presbytérienne pour garçons de Legon dans la banlieue d’Accra au Ghana.

Ainsi, dans les méthodes d’enseignement utilisées par Peter Tabichi par exemple, il convient de noter qu’il a créé un club de développement des talents et élargi le club des sciences de l’école, en aidant les élèves à concevoir des projets de recherche d’une telle qualité que 60 % d’entre eux se qualifient désormais pour des compétitions à l’échelle nationale. Peter a encadré ses élèves lors du Salon 2018 des sciences et de l’ingénierie du Kenya, où ils ont présenté un dispositif qu'ils avaient inventé pour permettre aux aveugles et aux sourds de mesurer des objets.

Peter a vu son école rurale se classer au premier rang au niveau national dans la catégorie des écoles publiques. L'équipe des sciences mathématiques s'est également qualifiée pour participer au Salon 2019 des sciences et de l’ingénierie INTEL en Arizona, aux États-Unis. Ses élèves ont également remporté un prix de la Royal Society of Chemistry après avoir utilisé des végétaux locaux pour produire de l'électricité. Peter et quatre de ses collègues offrent aux élèves peu performants un soutien personnalisé en mathématiques et en sciences en dehors des cours et le week-end. Il se rend dans les domiciles des élèves et rencontre leur famille pour identifier les défis auxquels ils y sont confrontés.

Les enseignants primés ont été reconnus pour avoir créé des interventions qui résolvent les problèmes de la vie réelle des élèves, réduisant ainsi le risque de conflit et encourageant une éducation de qualité dans le domaine des STEM.

Bien que persistent encore de grandes disparités entre les régions et les pays en ce qui concerne les STEM et l'innovation, nous pouvons affirmer qu'un changement clé est visible grâce à d'importants pas pris dans la bonne direction.