ELLE IRA A L’ÉCOLE !

Photo: Zach Vessels/Unsplash

L’école est un haut lieu du savoir. C’est une institution qui fabrique et distille des connaissances, dans des domaines variés. Elle façonne la vision des élites qui dirigent les nations. Elle instruit, elle crée des classes sociales. Ainsi avons-nous des analphabètes et des intellectuels. L’école s’impose comme un détour indispensable, à toute personne ambitieuse et désireuse de se faire accepter ou de se faire une place de choix dans la société moderne. En clair, l’école est une nécessité pour la « réussite ».

La plupart des femmes dans les pays en développement reçoivent beaucoup moins d’éducation que les hommes. 

Aujourd’hui une trentaine de millions de filles qui ont l’âge d’être scolarisées ne vont pas à l’école. Souvenons-nous de la lutte de Malala la jeune activiste Pakistanaise, témoin vivant du pouvoir transformateur d’une scolarisation de qualité.

Une histoire qui se répète

Avant la pandémie de la COVID-19, ces vingt dernières années, le nombre de filles non inscrites à l’école avait chuté de 79 millions. Cela a été le fruit de décennies d’efforts pour envoyer les filles à l’école et réduire les inégalités de genre dans l’accès à l’éducation. Mais la pandémie actuelle a mis tout ce progrès en péril.

Nous avons déjà vu l’impact que la fermeture des écoles en raison de crises sanitaires peut avoir sur les filles et leur éducation

Pendant l’épidémie d’Ebola en 2014-2015, plus de 10 000 écoles ont fermé en Guinée, Sierra Leone et au Liberia, affectant près de 5 millions d’élèves. Quand les écoles ont rouvert, les élèves avaient collectivement perdu “environ 1 848 heures d’enseignement”. 

L’impact a été d’autant plus grave pour les filles. 

Avant l’épidémie d’Ebola, les filles en âge d’être scolarisées en Guinée n’avaient achevé que 0,9 année d’école par rapport aux garçons, qui ont terminé en moyenne 2,7 années de scolarité. En Sierra Leone, les filles n’ont achevé en moyenne que 1,8 année d’école par rapport aux garçons qui en ont achevé en moyenne quatre.

Pendant la pandémie d’Ebola, de nombreuses filles au Liberia sont devenues les seuls soutiens financiers de leur famille. Même lorsque les filles se sont réinscrites à l’école à la fin de la crise, leur fréquentation scolaire a été affectée car elles ont dû continuer à subvenir aux besoins de leur famille.

Avec la COVID-19, l’impact disproportionné sur l’éducation des filles et des garçons risque de devenir encore plus grand. Bien plus, 50% de leurs années d’études totales pourraient être perdues. Cela représente la moitié de ce que pourrait être l’éducation des filles dans des circonstances normales. Vingt millions de filles pourraient ne plus être inscrites à l’école lorsque la pandémie sera terminée et bien d’autres auront perdu des mois d’enseignement. 

Les femmes peuvent-elles vraiment « réussir » sans l’école ?

La femme autodidacte présente des particularités. Bien souvent elle est passionnée, et c’est par motivation personnelle qu’elle devient excellente. Elle compense largement ce désavantage apparent par une curiosité insatiable, de nombreuses idées et une énorme somme de travail.

En effet, les femmes qui réussissent se réveillent avant les autres et se couchent sûrement après elles. Elles travaillent encore plus dur. C’est ce qui fait toute la différence. 

C’est le cas de Akissi Delta, une célèbre actrice Ivoirienne qui est admirée pour ce qu’elle a accompli dans la vie sans l’école. 

Ce n’est ni par choix ni de gaieté de cœur qu’elle a été privée d’école mais du fait de sa santé fragile. L’actrice explique même qu’elle a néanmoins reçu une bonne éducation de sa famille et de ses proches, et avoue que malgré cela, aujourd’hui le manque d’instruction scolaire lui pèse autant dans son expression orale que dans sa capacité à gérer correctement son entreprise. En effet, elle ne sait ni lire, ni écrire. 

Elle est comme ces millions de jeunes femmes qui ne maîtrisent pas les bases de la lecture et de l’écriture dans le monde. Souvent dissimulé, ce handicap les place dans une situation d’exclusion et de dépendance avec des conséquences lourdes pour elles et leur entourage. Même quand elles sont autodidactes, leur principal souci est le manque de légitimité qu’elles ressentent ou qu’on leur fait parfois ressentir.

Investir dans l’éducation des filles pour le bénéfice de l’humanité

En raison des croyances traditionnelles, de la pauvreté ou des guerres, des milliers de jeunes filles sont privées de la chance d’aller à l’école.

L’importance de l’école pour les filles n’est pourtant plus à démontrer. Les femmes ont des potentiels incommensurables, et, comme pour tout être humain, l’éducation permettrait de les faire éclore et de les mettre au profit de l’humanité. La non-scolarisation des jeunes filles prive le monde d’une énorme ressource humaine. Instruites, les femmes pourraient contribuer fortement au bien-être du monde, à la réduction de la mortalité, à la promotion de l’éducation, à la lutte contre certaines maladies, à l’accroissement de l’économie, et cela fortifierait la démocratie pour une société stable et juste. 

L’éducation des filles permet de sauver des vies : Nombreuses sont les mères qui pourraient être sauvées si elles achevaient toutes leurs études primaires.

L’éducation des filles garantit des revenus plus élevés : les femmes ayant fait des études gagnent généralement plus que celles qui n'ont aucune éducation.

L’éducation des filles contribue à mettre fin aux mariages des enfants : Si l’enseignement secondaire universel était atteint, cela pourrait contribuer à pratiquement éliminer le mariage des enfants.

L’éducation des filles décuple leur potentiel : Les femmes ayant fait des études sont moins susceptibles de ne pas maîtriser les ressources du ménage, d'être victimes de violence conjugale ou d'être mariées trop tôt.

L’injustice la plus saisissante demeure que la pauvreté recule dans le monde pendant que l’illettrisme des femmes reste stable, accentuant les inégalités sexuées. 

Pourtant, le destin des jeunes femmes est en jeu et si les gouvernements agissent dès maintenant, les effets induits par la non-scolarisation des filles pourront être atténués. 

La jeune fille doit aller à l’école. Je reste optimiste. Elle ira à l’école.