L’Afrique soutient l’accès à la lecture et l’apprentissage pendant la pandémie de COVID-19

Compte tenu de la crise sanitaire actuelle, aujourd’hui plus que jamais, l’accès à des supports pédagogiques et de lecture de qualité en Afrique est essentiel pour les millions d’enfants qui ne peuvent plus aller en classe. Comment mieux célébrer la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur dans un tel contexte ?​

Deux jeunes filles en pleine séance de lecture dans leur maison au Kenya. Crédit : Barbara Lee

Ce billet est le 4e publié en 2020 dans le cadre d'une collaboration entre l’Association pour le développement de l’éducation en Afrique (ADEA) et le Partenariat mondial pour l’éducation (PME), lancée en 2017.

Depuis son apparition à la fin de l’année dernière, la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) est devenue une pandémie qui pèse lourdement sur la vie de milliards de personnes à travers le monde, et dont les conséquences s’annoncent extrêmement lourdes pour l’économie mondiale et les budgets nationaux, notamment en Afrique.

L’éducation est l’un des secteurs les plus durement touchés et la fermeture des établissements scolaires dans de nombreux pays africains risque d’avoir un impact négatif sur l’éducation en termes d’accès, de qualité et d’investissements.

Alors que nous célébrons aujourd’hui la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur, instaurée en 1995 par l’UNESCO, cet événement vient rappeler à point nommé l’importance de la lecture et la nécessité de mettre en place des systèmes d’enseignement à distance/numérique dans les pays d’Afrique. Ce qui suppose de créer, produire, distribuer, diffuser et utiliser des textes authentiquement africains.

La pandémie de COVID-19 et ses effets sur l’éducation

La pandémie continue de faire de nombreuses victimes dans le monde entier et, bien que l’Afrique recense quelque 23 000 cas et déplore 1 100 décès liés au coronavirus, les chiffres augmentent et la maladie a hélas de graves répercussions sur l’apprentissage.

Selon l’UNESCO, 1,5 milliard d’apprenants (soit 91 % des jeunes scolarisés dans le monde) ne peuvent pas aller à l’école ou à l’université en raison des mesures prises pour enrayer la propagation de l’épidémie.

La plupart des pays à travers le monde ont temporairement fermé leurs établissements scolaires afin de freiner la circulation du virus, mais grâce à des campagnes de sensibilisation et de communication, un certain nombre de pays en Afrique et ailleurs, ainsi que des organisations et alliances de partenaires de l’éducation (telles que la Coalition mondiale pour l’éducation), s’emploient activement à faire en sorte que les élèves continuent d’avoir accès à l’éducation et à la lecture.

La riposte du secteur éducatif en Afrique : quelques exemples concrets

Au cours des dernières semaines, les gouvernements africains et les principaux acteurs du secteur de l’éducation ont mis en place des mesures visant à promouvoir la continuité de l’école à la maison. Ces efforts ont été efficaces à certains égards, mais tous les problèmes ne sont pas résolus pour autant.

Quelles sont les stratégies mises en place par les différents pays, les pratiques en vigueur et les difficultés auxquelles ils sont confrontés ? En mars 2020, l’ADEA a invité quelques-uns des pays africains les plus touchés par la pandémie à dresser un état des lieux de leurs situations respectives. Le but ici est d’avoir une idée plus claire de la situation de l’apprentissage à l’heure où sévit la pandémie et de mieux aider les pays dans l’immédiat et à plus long terme. L’objectif global est de faciliter l’apprentissage mutuel et l’échange de connaissances entre pays.

Voici, à partir des éléments recueillis auprès des pays, un tour d’horizon des possibilités d’apprentissage offertes sur le terrain :

  • En Côte d’Ivoire, le ministère de l’Éducation, de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle a, dans le cadre de l’initiative « École fermée, mais cahiers ouverts ! » et en partenariat avec Eneza Education, donné gratuitement accès à tous les cours du primaire sur téléphone mobile. Des cours en ligne pour les élèves du primaire sont accessibles sur les sites ecole-ci.online et ecoleweb.ci et sur la page Facebook EducTV. Enfin, des cours sont également offerts sur les chaînes de télévision nationales et sur certaines stations radiophoniques.
  • Au Sénégal, le ministère de l’Éducation a créé une plateforme de ressources numériques qui constitue le principal moyen d’accès aux ressources pédagogiques et d’apprentissage en ligne. Dans sa première phase, la plateforme recueillera des ressources numériques et les classera. Dans sa deuxième phase, elle sera accessible aux enseignants, aux élèves et aux parents. Les chaînes de télévision et les stations de radio nationales participent également à cette initiative.
  • Au Kenya, le ministère de l’Éducation a introduit un certain nombre de méthodes qui permettent aux enfants d’apprendre en ligne et sur les chaînes EDU ou Elimu. L’organe chargé de l’élaboration des programmes scolaires (Kenya Institute for Curriculum Development – KICD) a publié un calendrier de diffusion de cours sur Radio Taifa et sur le portail Kenya Education Cloud, qui propose des contenus numériques dans divers domaines d’apprentissage et formats (documents pdf interactifs, publications en ligne et matériels audiovisuels). Enfin, les élèves peuvent suivre des émissions de radio interactives sur la station KBC English Service.
  • En Afrique du Sud, le département de l’Éducation de base propose des ressources en ligne — supports pédagogiques, multimédias et textes de lecture — pour faciliter l’apprentissage à la maison pendant le confinement.

En outre, un certain nombre de fournisseurs de contenu numérique et éditeurs africains proposent gratuitement des ouvrages de lecture en ligne pour permettre aux enfants de continuer à apprendre et à lire pendant cette période sans précédent. Les éditeurs suivants, entre autres, ont mis gratuitement en ligne leur contenu numérique pour les écoles, les enseignants, les élèves et les parents.

  • Worldreader’s BookSmart une plateforme d’école à la maison, permet aux parents et autres personnes qui s’occupent des enfants d’avoir accès à une bibliothèque sur leur téléphone mobile pour faciliter l’apprentissage pendant la fermeture des écoles. Les livres peuvent être facilement téléchargés pour une lecture hors ligne.
  • African Storybook reste un bon partenaire de lecture en donnant libre accès à des livres de contes illustrés dans plusieurs langues nationales. Des applications gratuites sont également disponibles pour la lecture et la rédaction de livres de contes.
  • La série Vula Bula, créée par l’Institut Molteno, est le premier programme de lecture à plusieurs niveaux offert dans des langues parlées en Afrique australe. Le passage d’un niveau à l’autre est basé sur la phonétique de chaque langue.

L’action de l’ADEA

Pendant cette pandémie, l’ADEA soutient pleinement toutes les mesures prises par les gouvernements et les partenaires pour minimiser le risque de propagation du coronavirus. Nous continuerons de collaborer étroitement avec les pays africains et nos partenaires pour recenser et diffuser les meilleures pratiques, et partager les leçons tirées des initiatives d’enseignement et de formation à distance.

Afin de proposer aux enfants des petites classes des supports de lecture de qualité dans différentes langues, l’ADEA s’est jointe à plusieurs partenaires (African Storybook, Creative Commons, l’Alliance mondiale du livre, la Bibliothèque numérique mondiale, Learning Equality, la Norvège, le programme Story Weaver de Pratham Book, l’Asia Foundation, l’UNESCO, le HCR et Verizon) pour organiser une initiative de traduction virtuelle pendant un mois. La campagne commence fin avril, alors inscrivez-vous dès aujourd’hui sur Translate A Story pour donner à lire des textes de qualité aux enfants qui en ont le plus besoin.

L’éducation est profondément perturbée aux quatre coins du monde. Du Libéria au Royaume-Uni, des millions d’enfants ne vont plus à l’école. La crise déclenchée par cette pandémie a provoqué une crise encore plus grave dans le domaine de l’éducation. De nombreux pays s’efforcent cependant d’aider leurs enfants à continuer d’apprendre.

Restons unis et solidaires, parce que le seul moyen de garantir une éducation de qualité pour tous les enfants, même lorsqu’ils ne vont pas à l’école, c’est de créer des partenariats efficaces et de collaborer dès aujourd’hui !