L'Afrique doit assurer une éducation de qualité inclusive et équitable et un apprentissage tout au long de la vie pour tous
Alors que nous célébrons la Journée internationale de l'éducation, le rôle de l'ADEA pour soutenir la réalisation de la stratégie continentale de l'éducation pour l'Afrique 2016-2025 et de l'ODD 4 s’avère de plus en plus crucial.
Cet article est le 1er d'une série de blog publiée en 2020 dans le cadre d'une collaboration entre l'Association pour le développement de l'éducation en Afrique (ADEA) et le Partenariat mondial pour l'éducation.
L'éducation est essentielle pour transformer des vies, instaurer la paix, éliminer la pauvreté et favoriser le développement durable. L'adoption, le 3 décembre 2018, de la résolution 73/25 (co-écrite par le Nigéria et 58 autres États membres) déclarant le 24 janvier « Journée internationale de l'éducation » a démontré la volonté politique inébranlable de soutenir des actions transformatrices pour une éducation inclusive, équitable et de qualité pour tous.
Aujourd'hui, l'Afrique subsaharienne affiche les taux d'exclusion scolaire les plus élevés. En effet, 97,5 millions d'enfants et d'adolescents n’y sont pas scolarisés. Sans une volonté réelle et une action urgente combinant les ressources et les efforts nécessaires, la situation va probablement s’aggraver car, la région est confrontée à une demande croissante en matière d’éducation, en raison de la croissance de la population en âge scolaire.
L'éducation est un droit humain et la clé du développement durable
L'éducation est un droit inaliénable pour tout être humain. Elle promet de libérer tous les citoyens des chaînes de l'ignorance, de la pauvreté et de l'incapacité à produire quoi que ce soit de bon, et de leur donner la capacité d'être les architectes de leur propre destin et les catalyseurs de l'entrepreneuriat, de l'innovation et de la citoyenneté mondiale. L’énorme population de jeunes que compte l’Afrique ne peut constituer un réel « dividende démographique » que si elle reçoit une éducation de qualité et se voit dotée des compétences appropriées.
L'Agenda 2063, la Stratégie continentale d'éducation pour l'Afrique 2016-2025 (CESA 16-25), la Stratégie de formation technique et professionnelle (Stratégie EFTP) et la Stratégie pour la science, la technologie et l'innovation en Afrique (STISA-2024) visent à augmenter de manière significative réussite scolaire en termes d'accès, de qualité, d'efficacité et de pertinence.
Pour atteindre les objectifs mondiaux et continentaux en matière d'éducation, les pays africains doivent investir de manière conséquente et durable dans l'éducation à des niveaux qui dépassent ceux des autres régions en développement. Si nous voulons vraiment mettre fin à cette crise des apprentissages et bâtir un avenir meilleur pour les peuples d'Afrique, les dirigeants africains doivent agir maintenant en investissant des ressources financières et techniques non seulement dans des bourses d'études, des ateliers de formation des enseignants, la construction d'écoles et l'amélioration de l'eau et de l'électricité, et l'accès aux écoles, mais aussi en soutenant le développement des capacités de leadership et en comblant l'écart entre la planification et l'exécution.
Cependant, le temps est contre nous car, même si le taux de scolarisation dans le primaire dans les pays en développement a atteint 91 %, 59 millions d'enfants en âge d'aller à l'école primaire ne sont malheureusement toujours pas scolarisés. Plus de la moitié des enfants non scolarisés vivent en Afrique subsaharienne , tandis qu'environ 50 % des enfants non scolarisés en âge de fréquenter l'école primaire vivent dans des zones de conflit.
Une action urgente est également nécessaire pour combler l'écart entre les sexes, les filles étant de plus en plus les plus durement touchées par la crise croissante de l'apprentissage sur le continent. En Afrique, 9 millions de filles âgées de 6 à 11 ans n'iront jamais à l'école, contre 6 millions de garçons, selon les données de l'ISU. Leur condition d’infériorité commence tôt et s'aggrave à l’adolescence. Le continent présente également des poches de désavantages pour les garçons.
Pour aider les décideurs africains à combler cet écart entre les sexes, il est essentiel de produire des données sur le genre et de développer un ensemble plus large d'indicateurs pour mesurer l'égalité des sexes qui va au-delà de la parité entre les sexes. Il serait aussi judicieux d’utiliser des données et des analyses faites à l'intérieur et à l'extérieur du secteur de l'éducation, afin d'intégrer le genre de manière plus complète dans les analyses et les plans du secteur de l'éducation.
Les indicateurs liés à l'accès tels que des toilettes séparées pour les filles et les garçons et la présence d'enseignantes, qui peuvent servir de modèles et encourager les filles à poursuivre leurs études, sont bien pertinents. Cependant, le continent doit passer du simple accès à l'égalité dans l’éducation pour parvenir à un changement transformationnel.
Comme nous pouvons le voir, les violations du droit à l'éducation sont toujours visibles et tangibles à tous les niveaux. Alors, comment pouvons-nous encore accepter cela ? Qu'attendons-nous pour leur offrir des voies et moyens efficaces pour sortir de la pauvreté et se bâtir un avenir meilleur ?
Le rôle de l'ADEA en matière d’éducation et de formation
Depuis sa création en 1988, l'Association pour le développement de l'éducation en Afrique (ADEA) contribue à l'autonomisation des pays africains pour développer des systèmes d'éducation et de formation de qualité qui répondent aux besoins des pays et conduisent une transformation socio-économique durable.
Au cours de la dernière décennie, l'ADEA a entrepris plusieurs actions visant à renforcer les capacités de plus de 3500 experts en systèmes d'information de gestion de l'éducation (SIGE) dans 45 pays africains sur des sujets axés sur l'ensemble du cycle du SIGE (c'est-à-dire de la collecte de données à la rédaction des rapports).
En outre, l'ADEA a aidé à développer les capacités des SIGE nationaux des gouvernements africains à travers des séminaires, des examens par les pairs et une assistance technique. Les ministères comparent désormais leur SIGE à un ensemble de normes et standards validés au niveau continental.
Aujourd'hui, l'ADEA compte neuf pôles qualité inter-pays (PQIP) sur différents thèmes et un groupe de travail sur la gestion de l'éducation et l'appui aux politiques (TFGEAP). Le réseau ICQN est un outil clé pour catalyser des politiques et des pratiques innovantes propices à des changements concrets dans l'éducation. Ils favorisent la mise en commun des connaissances, des recherches, des expériences, des enseignements tirés et des meilleures pratiques sur les questions clés en matière d'éducation et de la formation.
L'ADEA a encouragé l'apprentissage par les pairs entre les pays africains à travers ses PQIP et a aidé à identifier des solutions innovantes évolutives et reproductibles aux principaux défis dans l'éducation et la formation. Par exemple, depuis la création de son Pôle de qualité inter-pays sur le développement des compétences techniques et professionnelles (PQIP-DCTP), l'ADEA a encouragé le changement de paradigme de l'enseignement et de la formation techniques et professionnels conventionnels (EFTP) vers le développement de compétences techniques et professionnelles flexibles et pratiques, entrainant ainsi des réformes notables au Kenya, au Libéria, Nigéria et Rwanda.
Au cours des 30 dernières années, les initiatives et interventions en matière de dialogue politique de l'ADEA aux niveaux national et continental (désormais guidées par le Plan stratégique 2018-2022, ont produit des résultats positifs liés à l'objectif de développement durable N°4 en termes de réformes politiques liées aux enseignant.e.s contractuel.le.s, aux enseignant.e.s intervenant dans plusieurs niveaux à la fois, à l’intégration des langues et des cultures africaines dans l'éducation, au renforcement des capacités de leadership en matière de développement de la petite enfance, aux réformes des programmes scolaires, à l’utilisation des TIC dans l'éducation, à l’instauration de la paix par l'éducation, la promotion du continuum éducation-formation-travail en Afrique, etc.
Le succès réside dans la volonté de chaque pays
Sans volonté politique et sans ressources, les pays africains ne réussiront pas à assurer une éducation de qualité inclusive et équitable et des opportunités tout au long de la vie pour tous.
Dans un monde d'incertitude et de changements rapides, le Pôle de qualité inter-pays de l'ADEA jouera alors un rôle essentiel pour favoriser un meilleur apprentissage par les pairs, un partage des connaissances et des meilleures pratiques entre les pays africains et les acteurs de l'éducation, en vue de relever les principaux défis auxquels les pays sont confrontés en matière d'éducation.
Un partenariat stratégique aux niveaux local, régional, continental et international demeure la clé de voûte de notre succès commun.