L’Afrique face au développement des compétences des jeunes
Face à la situation critique des jeunes africains en matière d'emploi, le Pôle de qualité inter-pays de l’ADEA sur le développement des compétences techniques et professionnelles (PQIP-DCTP) entend agir comme catalyseur des politiques et pratiques innovantes dans le champ de l’éducation et de la formation en Afrique.
Ceci est le 6ème billet de blog publié en 2019 dans le cadre d’une collaboration lancée entre l’Association pour le développement de l’éducation en Afrique (ADEA) et le Partenariat mondial pour l’éducation (PME).
La journée mondiale des compétences des jeunes souligne l’importance de l’enseignement et de la formation techniques et professionnels (EFTP) pour donner aux jeunes la possibilité de développer leurs compétences et d’accélérer leur transition vers le monde du travail.
La situation des jeunes en Afrique
La situation des jeunes africains en matière d'emploi est complexe au regard des données existantes sur la situation économique et le marché du travail. Cette position se complexifie davantage si on considère la croissance des emplois en Afrique.
En effet, selon les données fournies par le Bureau international du travail (BIT), le taux de chômage est globalement d'environ 7,5 %. Cependant, ce taux, qui dans la réalité est plus important, doit être interprété au regard des réalités spécifiques de l'économie et du marché du travail africain.
Il est en parallèle avec un taux élevé de population jeune en quête de travail décent (plus de 25 %), un taux de sous-emploi de 67 % de la population active, ainsi qu'un taux croissant d'emplois précaires qui concerne 70 % des emplois existants.
Ainsi, des actions urgentes doivent être menées pour permettre aux jeunes africains d'accéder à un emploi décent, leur permettant de gagner leur vie.
Dans ce contexte, le Pôle de qualité inter-pays de l’ADEA sur le développement des compétences techniques et professionnelles (PQIP-DCTP) répond à l’objectif général d’agir comme catalyseur des politiques et pratiques innovantes dans le champ de l’éducation et de la formation en Afrique. Depuis 2014, le PQIP-DCTP a initié la relation entre Formation-Insertion-Emploi des jeunes dans plus de 20 pays africains.
Principaux constats sur le marché du travail dans les pays africains
Dans les dernières années, les constats faits à la suite des réunions techniques et conférences soulignent la pertinence de la problématique de l’emploi des jeunes, et l’existence dans la plupart des pays d’une économie duale avec un secteur informel très important et ayant beaucoup de potentiels d’insertion des jeunes et de création d’emplois. L’existence aussi d’initiatives dans tous les pays pour la promotion de l’emploi des jeunes, et la diversité des degrés de mise en œuvre et d’évaluation de l’impact des politiques et pratiques en matière de formation et d’emploi ont été cités à plusieurs reprises parmi les principaux constats faits par les experts.
Concernant la situation des jeunes vis-à-vis de l’emploi, il faut rappeler que les taux des jeunes au chômage sont très élevés, variant de 13 à 28 %.
Ils représentent en moyenne le double de la moyenne nationale dans les pays membres du PQIP-DCTP. Les taux dans les catégories des jeunes en situation de découragement sont aussi très élevés.
En plus, dans les pays où existent des données sur les nouvelles formes d’apprentissage, les taux de jeunes dans ce système sont relativement élevés, et supérieurs à ceux des jeunes engagés dans les structures formelles de formation technique et professionnelle.
Sur la structuration du monde du travail par contre il est important de mentionner parmi les constats :
- le déclin des industries existantes face à la compétition des pays émergents (c.-à-d. Chine, Inde, etc.)
- la prédominance du secteur primaire dans tous les pays, avec quelques exceptions (par ex. Tunisie, Maroc, Afrique du Sud) ; et
- la disparité de la répartition des emplois entre les milieux urbain et rural.
Récemment, des études ont montré que les difficultés d’accès des jeunes au monde du travail sont liées à 3 causes principales :
- La déconnexion entre les compétences acquises en formation et les compétences requises par le marché du travail, et selon les pays, un phénomène de plus en plus important de chômage des diplômés de l’enseignement supérieur ;
- La méconnaissance du marché du travail, c’est à dire l’absence ou l’insuffisance d’informations sur le marché du travail ; et enfin
- La faiblesse de la culture et de la formation entrepreneuriales.
Pour faire face à ces difficultés présentes à des degrés divers dans les pays, des mesures sont en cours ou envisagées.
Principales mesures dans le domaine du DCTP et de la création d’emplois
Les mesures mises en œuvre dans le domaine du développement des compétences techniques et professionnelles dans les pays portent sur différents aspects, qui vont des réformes pour actualiser les dispositifs et parcours de formation existants aux dispositifs pour former les jeunes aux métiers et emplois requis par les secteurs stratégiques ou porteurs et en passant par les partenariats permettant de mieux associer les acteurs économiques et professionnels.
Dans l’autre côté, en ce qui concerne les mesures en projet ou en cours pour favoriser la création d’emplois, il faut absolument mentionner :
- le renforcement des compétences professionnelles des acteurs économiques ;
- les moyens incitatifs pour encourager les entreprises à embaucher des jeunes ;
- les politiques de développement du secteur privé ; et
- les politiques de développement économique des régions.
Enfin, plusieurs expériences d’insertion et de création d’emploi ont été présentées et discutées lors de différentes réunions techniques sur le DCTP en Afrique. Parmi celles-ci on peut citer : la mise en œuvre de divers projets et programmes de développement de l’employabilité des jeunes et de promotion de l’emploi salarié ou de l’auto-emploi, soutenue financièrement et techniquement par les pays et/ou par les partenaires ; la mise en place de dispositifs d’aide directe aux entreprises pour la formation dans les secteurs émergents et porteurs ; la mise en place de pôles d’innovation ou d’expertise tels que des incubateurs d’entreprises pour jeunes et/ou des centres de gestion et de coaching à destination des entreprises créées par des jeunes ou employant des jeunes.
L’éducation est la clé pour libérer le potentiel des jeunes en Afrique
L’éducation et la formation sont des facteurs importants de succès pour fournir aux jeunes les compétences nécessaires pour accéder au monde du travail mais également pour aider les entreprises et les communautés à s’adapter à l’évolution des compétences exigées, accroître la productivité et augmenter les niveaux de rémunération.
Les jeunes sont le futur de chaque pays et c’est à nous de leur fournir tous les moyens nécessaires pour les aider à bâtir leur futur.