Working Group on Female Participation (WGFP)

Contexte

En Afrique subsaharienne, nombreuses sont les filles qui ne fréquentent pas l'école ou qui sont contraintes à abandonner leurs études à cause de facteurs socioculturels, économiques ou politiques. En dépit de l'amélioration dramatique des taux de scolarisation au cours des dernières décennies, l'écart entre les sexes persiste dans la région en matière d'accès, de maintien et de réussite scolaire.

Les statistiques présentent un tableau sombre de l'éducation des femmes et des filles en Afrique. Dix-neuf pays d'Afrique subsaharienne ont des taux féminins d'alphabétisation inférieur à 30 %, face à des taux masculins deux fois plus élevés. Vingt-six pays dans la région n'ont pas atteint la parité de genre en matière d'accès à l'enseignement primaire et on estime que moins de la moitié des filles âgées de 6 à 11 ans fréquentent l'école. Cette situation est encore plus grave aux niveaux de l'enseignement secondaire et supérieur. Dans de nombreux pays africains, seul un quart des filles a la possibilité d'accéder à l'enseignement secondaire, tandis qu'au niveau tertiaire, il y deux fois plus d'étudiants que d'étudiantes (réf. UNICEF: La situation des enfants dans le monde, 2006).

Or, les informations disponibles confirment que les filles scolarisées ne sont pas les seules à bénéficier de leur éducation ; la société toute entière y gagne. L'éducation des femmes et des filles est un investissement gagnant qui permet à la fois d'accroître le potentiel de gain des familles, d'abaisser les taux de fécondité, de réduire la mortalité infantile et d'améliorer le niveau de santé publique. Les filles scolarisées deviennent des femmes ayant le savoir, les compétences et l'opportunité de participer à la direction et à la démocratie de leur société. Leurs familles sont susceptibles d'apprendre et d'adopter des comportements favorables à de nombreux objectifs de développement. 

Qu'est-ce que le Groupe de travail sur la participation féminine ?

Le groupe de travail sur la participation féminine (GTPF) a été formé en 1990. Piloté par la fondation Rockefeller, il mettait en oeuvre ses activités à travers quatre composantes : l'Académie africaine des sciences (AAS), l'Enseignement des mathématiques et des sciences pour les filles et les femmes en Afrique (FEMSA), le Partenariat pour la planification stratégique des ressources (PSR) pour l'éducation des filles et l'Alliance pour une action communautaire sur l'éducation des femmes (ACAFE). Chacune de ces composantes a produit de nombreuses publications. En 2000, le Forum des éducatrices africaines (FEA) est devenu l'agence leader du groupe de travail. En 2003, les activités du GTPF ont été reprises par le FAWE qui continue à jouer un rôle au sein de l'ADEA en tant que groupe gradué/membre associé de l'ADEA.

Quel est le rôle de l'ADEA dans la promotion de la participation féminine ?

L'ADEA travail de manière étroite avec le Forum des éducatrices africaines (FAWE) pour trouver des moyens efficaces de permettre aux jeunes filles et aux femmes de fréquenter l'école et d'y rester pour la durée du cycle scolaire. Ensemble, l'ADEA et le FAWE oeuvrent auprès de ministres de l'éducation, représentants d'organismes de financement et d'ONG africaines, chercheurs et planificateurs, les incitant à identifier et à appuyer les efforts collectifs de renforcement des capacités individuelles et institutionnelles visant à accroître la participation des filles à l'éducation. 

Quels sont les objectifs du groupe de travail ?

Menés par le FAWE, ces efforts ont pour objectif d'inciter gouvernements et organisations internationales à mettre en oeuvre des politiques et créer des environnements scolaires basés sur l'égalité de traitement entre filles et garçons pour aboutir à une éducation de qualité pour les filles. Cela passe par : i) une meilleure compréhension, à travers le plaidoyer et la recherche ciblée, des sexospécificités liées à la participation à l'école; et ii) la promotion, via des interventions innovatrices et pratiques, de meilleures pratiques susceptibles de transformer l'éducation des filles. Ensuite seulement, les décideurs africains pourront élaborer un ensemble cohérent de mesures pour égaliser les chances dans le domaine de l'éducation. 

Que fait le FAWE ?

Le FAWE est issu de discussions entre femmes africaines ministres de l'éducation et organismes de financement au sein de l'ADEA. Créé en 1992, l'organisme avait pour but de contribuer à l'amélioration des taux d'accès, de rétention et de réussite scolaire pour les filles en Afrique subsaharienne à travers le plaidoyer.

En employant une stratégie comportant quatre volets, le FAWE oeuvre pour influencer la réforme des politiques et instaurer un contexte propice à l'éducation des femmes et des filles. L'organisation : 

  • Vise à améliorer la participation des filles en exerçant une forte influence sur les ministères de l'éducation et les autorités administratives pour qu'ils formulent et appliquent des politiques favorables à l'éducation des filles, donnant ainsi un contenu concret aux politiques de parité entre les sexes.
  • Entreprend la sensibilisation des communautés de base sur les avantages à tous points de vue de l'éducation des filles. Cette action repose sur la conviction que, une fois informés et convaincus de la valeur de scolariser les filles, les parties prenantes et les membres des communautés locales adopteront des attitudes favorables à l'éducation des filles et prendront des mesures visant à la défendre.
  • Procède à l'élaboration et à la promotion de modèles sensibles au genre destinés à améliorer l'accès, le maintien et les résultats scolaires des filles. Le FAWE a mis en place des interventions qui démontrent qu'il est possible de créer, dans des contextes spécifiques aux différents pays, des environnements favorables à ce que les filles soient inscrites à l'école, y restent et terminent le cycle scolaire avec succès.

La capacité de plaidoyer importante du FAWE provient de ses membres de haut rang, parmi lesquels on compte des ministres et ministres adjoints de l'éducation nationale, des recteurs des universités, des hauts fonctionnaires chargés de l'élaboration des politiques de l'éducation, des chercheurs, des spécialistes des questions de promotion de la femme, et des militants des droits de l'homme. Le FAWE est également membre du Comité consultatif mondial de l'initiative des Nations unies pour l'éducation des filles (UNGEI) ainsi que de la Campagne mondiale de l'éducation.

Les Antennes nationales établies ou - pour cinq d'entre elles en cours d'établissement -sont dans 37 pays et ont par ailleurs étendu la sphère d'action du FAWE au niveau local où ils mettent en ?uvre les programmes du FAWE. Une programme d'assistance technique pour renforcer les capacités des Antennes nationales est actuellement en cours et vise à améliorer leurs compétences en matière de gouvernance et de conception, mise en oeuvre, suivi et évaluation de programmes. 

Réalisations

Le FAWE a réussi à influencer des gouvernements à réviser et à reformer des politiques qui barrent l'accès des filles à l'éducation. En conséquence, des ministères d'éducation ont adopté des politiques basés sur l'égalité des sexes avec pour résultat de meilleurs taux d'inscription, de maintien et de performance des filles à l'école. L'enseignement primaire gratuit, la re-inscription des mères adolescentes, des bourses d'études pour les filles défavorisées et une formation intégrant la dimension genre pour les enseignants font partie de ces politiques. Ainsi, depuis sa création, le FAWE a :

  • Etabli avec de ministères d'éducation des partenariats importants renforcés par la signature de protocoles d'accord dans 14 pays.
  • Réussi à faire intégrer des pratiques sensibles aux sexospécificités dans les politiques et plans nationaux d'éducation de 17 pays.
  • A travers le modèle Tuseme [Exprimons-nous], habilité des jeunes, plus particulièrement des filles, à identifier et résoudre des questions qui freinent leur développement social et académique dans 13 pays.
  • Mis en place l'école sensible au genre - ou centre d'excellence - dans 10 pays. A travers ces écoles, la participation et les résultats scolaires des filles se sont améliorés, le taux de grossesse adolescente a diminué et les relations entre filles, garçons, enseignants, autorités d'établissements scolaires et communautés locales se sont améliorées.
  • Introduit le modèle Pédagogie sensible au genre pour la formation des enseignants dans 12 pays afin de transformer les cultures et pratiques de l'enseignement.
  • Amélioré la participation et la performance des filles en sciences, mathématiques et technologie en 14 pays.