Groupe de travail sur l'éducation non formelle (GTENF)
Contexte
Les pays africains sont confrontés à de nouveaux défis, qui sont autant de nouvelles occasions à saisir. La démocratisation, la mondialisation, la décentralisation des systèmes de gouvernance, mais aussi le VIH/SIDA et d'autres facteurs sont en train de transformer les besoins et les priorités d'apprentissage.
Des programmes éducatifs variés et novateurs sont indispensables si l'on veut répondre à ces demandes auxquelles ne peut répondre le système formel. C'est la raison pour laquelle les individus et les communautés se tournent vers des formes alternatives d'enseignement qui peuvent être regroupées sous l'appellation plus globale d'éducation non formelle.
L'éducation non formelle ne comble pas seulement un vide. Elle permet aussi aux pays de considérer leurs besoins éducatifs dans leur ensemble en vue de réaliser l'objectif d'éducation pour tous. De plus, l'éducation non formelle est plus apte à répondre aux besoins exprimés par les groupes défavorisés et offre l'avantage d'être plus ancrée dans le lieu de travail et le terrain. Elle peut donc contribuer à la revitalisation de l'éducation en Afrique, en forgeant des liens plus efficaces entre l'éducation et les réalités de la vie quotidienne.
Le postulat est clair : le droit à l'éducation ne sera jamais effectif pour toutes et tous sans l'existence de la large palette des formes éducatives dites "non formelles ", ou "extrascolaires" telles que les "écoles de la deuxième chance" pour les enfants ayant dépassé l'âge légal d'inscription, les écoles communautaires pour les enfants privés d'offre, les programmes d'alphabétisation et de "post alphabétisation" pour les jeunes et adultes, ou encore les programmes éducatifs alliant éducation fondamentale et les différentes formes de formation professionnelle.
Qu'est-ce que le Groupe de travail sur l'éducation non formelle ?
Le Groupe de travail sur l'éducation non formelle (GTENF) de l'Association pour le développement l'éducation en Afrique,(ADEA) est d'envergure continentale. Il a été constitué en 1996 à Dakar, avec la participation et le soutien des pays à travers leurs(ministères de l'éducation) et agences d'aide au développement suivants : Sénégal, Namibie, Lesotho, le Zanzibar, Mauritanie, Gambie, Burkina Faso, Ghana, la Direction du Développement et de la Coopération ou DDC (Suisse), le Secrétariat du Commonwealth, l'UNESCO et le Club du Sahel. Le Groupe a été créé pour étudier la nature et l'impact de nombreuses formes d'éducation offertes hors du cadre scolaire, dont celles destinées aux adultes. Ces initiatives intéressent de plus en plus les décideurs africains qui ont à relever les défis que pose une éducation de base de qualité pour tous.
Le groupe de travail est composé de ministères de l'éducation, d'agences de développement, d'ONG et d'institutions engagés dans l'éducation non formelle (ENF). Il est dirigé par un comité directeur et opère à travers un comité scientifique et stratégique en termes de réflexion. Un noyau d'agences ont pris la responsabilité de promouvoir ce secteur et a leur sein, la Direction du Développement et de la coopération Suisse (DDC) agit à titre d'organisme leader, tandis que l'Association pour la promotion de l'Education Non Formelle (APENF) au Burkina Faso agit à titre d'institution hôte pour la coordinatrice du Groupe de Travail.
L'Institut pour l'Apprentissage tout au long de la vie de l'UNESCO (UIL) apporte un soutien technique et stratégique. Au niveau des pays, le GTENF cherche à établir des relations de partenariat au niveau national avec les organismes, les institutions, les agences de développement et autres acteurs déjà impliqués dans le non formel.
Quelles sont la vision et la mission du GTENF ?
- Sa vision
L'exercice effectif du droit à une éducation de qualité pour toutes et tous dans une perspective d'apprentissage tout au long de la vie, au service du développement des individus et de leurs collectivités, de la paix, de la démocratie, de la justice sociale, de l'égalité de genre et de la citoyenneté, est une réalité en Afrique, en conformité avec les engagements internationaux et sous régionaux. - Sa mission
La mission fondamentale du GTENF est de promouvoir une vision intégrée d'une éducation de base diversifiée, comme fondation d'un apprentissage tout au long de la vie, au niveau national, régional et international.
Quels sont les objectifs du GTENF ?
Le GTENF soutient les acteurs nationaux, les Etats africains, la société civile, les collectivités et les agences de développement à mettre en place une éducation pour tous les en encourageant un enseignement de qualité, ceci par des politiques et une réglementation appropriée intégrant, et valorisant l'ENF dans un système éducatif global.
L'objectif du GTENF est d'offrir une plateforme permettant de mettre en avant les avantages des approches non formelles ; de renforcer leur contribution au bon fonctionnement de la société ; de renforcer les partenariats entre l'Etat et les prestataires d'éducation non formelle ; de trouver les ressources nécessaires ainsi que l'appui aux formes alternatives d'éducation de base dans la perspective de l'apprentissage tout au long de la vie.
Plus spécifiquement, les objectifs du GTENF s'articulent autour de cinq axes d'intervention qui sont eux-mêmes en cohérence avec les objectifs stratégiques de L'ADEA :
- Appui aux dynamiques et initiatives régionales et internationales favorisant la prise en compte d'une vision intégrée et diversifiée de l'éducation de base dans leurs cadres politiques et institutionnels et financiers.
- Appui aux dynamiques et initiatives nationales favorisant la prise en compte d'une vision intégrée et diversifiée de l'EB dans les cadres politiques, institutionnels et financiers.
- Soutien professionnel dans le domaine des langues africaines (et dans tout autre domaine émergeant et correspondant aux compétences du GTENF) pour la mise en ?uvre de la décennie de l'UA selon la demande des ministres et de l'ADEA.
- Travail analytique sur quatre thèmes prioritaires :
- Les systèmes éducatifs innovants par rapport à la mise en place d'une approche intégrée et diversifiée de l'éducation de base ;
- Les approches alternatives pertinentes liant qualité de vie des apprenants et processus d'apprentissage, avec un accent sur les formations professionalisantes ;
- Les mécanismes qui, au niveaux international et décentralisés, permettent d'allouer plus de fonds durables à l'ENF ;
- Les politiques et pratiques valorisant les langues africaines dans l'éducation de base.
- Développement et mise en ?uvre d'une stratégie efficace de communication et de gestion du savoir, en lien avec le Secrétariat de l'ADEA
- Coordination efficace des activités du GTENF pour l'atteinte de ses objectifs stratégiques et annuels et de ceux, plus généraux, de l'ADEA.
Le GTENF dispose d'un plan stratégique et s'est d'oté d'un cadre de mesure des performances en adéquation avec le plan stratégique de l'ADEA.
La stratégie du groupe de travail
Un élément essentiel de la stratégie du GTENF est de favoriser la formation de groupes de travail nationaux (GTN). Ceux-ci constituent :
- des lieux de rencontre des acteurs et parties prenantes dans le domaine de l'ENF ;
- des réseaux d'échanges d'informations et d'expériences ;
- des entités aptes à promouvoir l'ENF.
Dans ce cadre, le GTENF a mis en place une stratégie double : il répond aux besoins exprimés par les équipes nationales ; il agit de façon proactive en émettant des idées novatrices poussant les équipes nationales et les ministères de l'éducation à évoluer de façon plus constructive dans leurs programmes et objectifs. En outre, l'émergence de nouveaux réseaux et de nouveaux acteurs oblige le GTENF a bâtir une stratégie plus dynamique.
Les activités du groupe de travail
Les activités du GTENF consistent essentiellement à encourager et soutenir les pratiques et politiques, ainsi que la recherche dans le domaine de l'ENF.
Dans le domaine de la recherche, des analyses et états des lieux sont conduits afin de mettre en valeur les dynamiques locales en matière d'ENF. Des institutions locales et/ou les GTN sur l'ENF ont déjà entrepris de telles études. A un autre niveau, des activités de recherche-action sur l'ENF et la gestion locale des ressources, ont été conduites avec les communautés de cinq pays. Des activités de recherches évaluant des écoles communautaires en Zambie et au Burkina Faso, ainsi que des écoles nomades au Kenya et au Nigéria sont en cours. Le groupe prévoit également de contribuer à la recherche dans des domaines où de nouvelles priorités se font sentir. Ainsi, sera exploré le rôle de l'ENF dans la lutte contre le SIDA, de même que dans les situations de conflits en Afrique.
Le GTENF encourage le dialogue sur les politiques entre ministères et acteurs de l'ENF. Il apporte son appui à l'organisation des Biennales et autres réunions de l'ADEA, qui sont des occasions de promouvoir le bilinguisme dans la formation professionnelle et de renforcer ses liens avec l'éducation formelle. Un atelier régional a été organisé au Botswana sur le thème " Diversification des systèmes d'offre d'éducation : redynamiser le discours éducation formelle/non formelle ". Un symposium panafricain s'est tenu à Johannesburg en 1999, qui a mis l'accent sur les dynamiques de l'ENF.
Le GTENF encourage également l'échange d'informations et de connaissances à travers des visites, rencontres et ateliers, ainsi que des réunions entre ministères, spécialistes de l'éducation non formelle, praticiens et autres parties prenantes. Ainsi, un symposium qui a eu lieu à Mombasa, au Kenya, a permis d'explorer les approches alternatives en éducation de base. Le GTENF apporte également son aide pour améliorer les méthodes pédagogiques (par ex. les techniques d'enseignement dans les classes multigrades). Le Groupe aide à diffuser les pratiques réussies dans les programmes d'alphabétisation des adultes, qui sont, pour les GTN du Mali, Bénin, du Burkina Faso et du Sénégal, Tchad, Maroc. Il est également actif dans les domaines de la formation professionnelle et technique, et la formation de praticiens en ENF.
Les recherches menées par le GTENF au cours des dix dernières années ont été compilées et sont disponibles auprés du GTENF ou de UIL.