Appel à candidatures : Recherche/Etude sur le DCTP au niveau de la demande

Redéfinition du rôle du développement des compétences techniques et professionnelles dans le contexte du travail du futur et de l’apprentissage tout au long de la vie, à la lumière de la digitalisation  et de la quatrième Révolution industrielle (4RI)

I. Contexte

L’Afrique compte 722 millions d’enfants et de jeunes. Cette frange atteindra environ un milliard à l’horizon 2050. Le nombre d’enfants en âge d’aller à l’école primaire qui ne sont pas scolarisés a baissé de moitié. Les taux de scolarisation dans l’enseignement secondaire et supérieur se sont accrus respectivement de 14 et 4 points de pourcentage. Le nombre d’apprenants dans l’enseignement et la formation professionnels a augmenté de 24 %, et le taux d’alphabétisation des adultes s’est également accru1, et ce, en dépit de l’existence d’un écart énorme. L’équité entre les sexes en matière d’accès à l’éducation s’est également améliorée. En dépit des progrès réalisés, l’Afrique est à la traîne par rapport aux autres continents et régions. Sur les 420 millions de jeunes en Afrique dont l’âge est compris entre 15 et 35 ans, la majorité est au chômage, découragée ou n’ayant qu’un emploi précaire. Quarante pour cent des jeunes qui rejoignent les mouvements rebelles dans le monde sont motivés par le manque d’emplois. Quatorze pour cent des migrants internationaux dans le monde sont nés originaires d’Afrique2. La plupart des pays africains ont une double économie : moderne et formelle, avec une capacité de création d’emplois limitée, et informelle/non formelle, qui emploie 80 % de la main-d’œuvre et contribue jusqu’à 55 % du produit intérieur brut (PIB) en Afrique subsaharienne. Seuls 3 millions d’emplois formels sont créés en Afrique chaque année, en dépit des 10 à 12 millions de jeunes qui entrent sur le marché du travail chaque année3.

Certes, les exigences spécifiques des secteurs et de la demande de compétences ne sont pas encore toutes connues , mais il existe un consensus sur le fait que les besoins en compétences évolueront beaucoup plus rapidement. En conséquence, le DCTP doit devenir plus flexible, s’adapter plus rapidement et mettre davantage l’accent sur l’apprentissage tout au long de la vie, afin de répondre à l’aspiration de l’Afrique qui est de devenir une force majeure en matière de connaissances et d’innovation dans l’économie mondiale, comme le prévoient l’Agenda 2063 de l’Union africaine intitulé « l’Afrique que nous voulons », la Stratégie d’éducation continentale pour l’Afrique (CESA 16-25) et l’Agenda 2030 des Nations unies sur les objectifs de développement durable (ODD), en particulier les Objectifs 4 et 84.

La digitalisation  est entrée dans le monde du travail sur une échelle importante, apportant toute une série d’opportunités et de défis au secteur privé et aux prestataires de DCTP. Les compétences numériques sont au cœur de la plupart des activités du monde du travail et de la vie. Du remplissage d’un formulaire gouvernemental aux techniques de communication dans le cadre du travail, il est difficile de trouver un emploi ou une tâche de la vie courante qui n’exige pas aujourd’hui  un niveau de base de la maîtrise du numérique.

II. Intervention de l'ADEA dans le domaine du DCTP

L’Association pour le Développement de l’Education en Afrique (ADEA) organise des forums importants pour le dialogue politique qui promeut des politiques et des pratiques innovantes parmi les acteurs. L’ADEA veille également à ce que les recommandations découlant de ces consultations  soient traduites en actions concrètes. L’une des initiatives clés mises en place par l’Association a été de créer une plateforme dénommée « Pôles de qualité interpays (PQIP) » qui réunit les pays africains confrontés à un défi similaire et des partenaires stratégiques ayant une expertise dans le domaine spécifique. Des ministères de l’Éducation spécifiques dirigent ces PQIP et, à ce jour, l’ADEA en compte neuf, dont un sur le développement des compétences techniques et professionnelles, coordonné par la Côte d’Ivoire. 

L’ADEA a initié  plusieurs interventions visant à soutenir le développement des compétences techniques et professionnelles (DCTP) en Afrique. Premièrement, en termes de discours politique et technique sur le développement des compétences par le biais de forums de dialogue politique de haut niveau sur l’éducation. La Biennale de Maputo (2008) a consacré un sous-thème sur la « Transition de l’école vers le monde du travail », a réaffirmé le rôle essentiel de l’EFTP (principalement associé au système scolaire formel, avec des liens marginaux avec les secteurs de formation non formels et informels) dans l’acquisition de compétences et le développement économique et a recommandé un changement de paradigme en faveur du DCTP (holistique et inclusif, tenant compte des impératifs de l’apprentissage tout au long de la vie). Pour donner suite à cette recommandation, la Triennale de Ouagadougou (2012) a examiné le sous-thème « Le DCTP tout au long de la vie pour une croissance socio-économique durable en Afrique » ; pendant que le premier sous-thème de la Triennale de Dakar (2017) portait sur « La mise en œuvre de l’éducation et de l’apprentissage tout au long de la vie pour le développement durable ». Ces trois événements phares ont servi de base à l’élaboration des plans stratégiques à moyen terme respectifs de l’ADEA. Les discussions au cours du Forum de dialogue politique de haut niveau de 2019 tenu à Johannesburg autour du thème : « Réforme de l’enseignement secondaire : Préparer les jeunes au  travail du futur » explorent les stratégies de création de filières entre l’enseignement secondaire général et l’enseignement technique et professionnel.

Le Pôle de qualité interpays (PQIP) sur le DCTP a entrepris plusieurs travaux de renforcement des capacités et d’analyse en Afrique qui ont informé les forums de dialogue politique de haut niveau. Il s’agit notamment du continuum éducation-formation-travail ; de la politique et de la gouvernance des systèmes de DCTP ; des partenariats multipartites ; de l’accès, de la participation et de l’équité pour les filles dans les situations post-conflit et les secteurs informels ; de la qualité, de la pertinence et de l’employabilité ; de l’évaluation, de la validation et de la certification par l’élaboration de cadres nationaux de qualifications (CNQ) et de la pertinence pour l’apprentissage tout au long de la vie et la reconnaissance des acquis ; et du financement de la formation professionnelle.

III. Objectifs de la recherche de l’étude sur la demande 

L’ADEA prévoit d’organiser en 2020 ou 2021, en fonction de la crise pandémique du COVID-19 en cours, un Forum de dialogue politique de haut niveau sur le thème « Redéfinition du rôle du développement des compétences techniques et professionnelles dans le cadre du travail du futur et de  l’apprentissage tout au long de la vie, dans le contexte de la digitalisation  et de la 4RI ». Les forums de dialogue politique constituent un outil que l’ADEA utilise pour rester au fait des questions clés touchant à l’éducation ou pour fournir un cadre réactif permettant des échanges et des partages  sur des questions essentielles dans le secteur de l’éducation. Ils contribuent à donner aux pays africains les moyens d’élaborer des systèmes d’éducation et de formation qui répondent à leurs nouveaux besoins et favorisent une transformation socio-économique durable. En prélude à ce Forum de dialogue politique de haut niveau, et afin d’aider les pays à adapter leur système d’EFTP/DCTP en vue de relever les défis de l’avenir du travail en mettant l’accent sur la digitalisation  il est nécessaire de disposer d’informations pertinentes. . Ainsi, l’ADEA a décidé d’entreprendre cette étude sur la promotion du DCTP afin de contribuer au « Forum de dialogue politique de haut niveau de l’ADEA de 2020/2021 » prévu. L’étude sera réalisée dans cinq pays sélectionnés. Les objectifs spécifiques de l’étude consistent à identifier et cartographier les compétences requises par la digitalisation du monde du travail et les obstacles au développement et à la mise en œuvre de pratiques innovantes dans l’EFTP/le DCTP. L’évaluation portera sur le cadre de l’EFTP/du DCTP, en mettant l’accent sur la demande de compétences formelles et informelles.

IV. Étendue des travaux 

L’étude tiendra compte du phénomène récent de l’industrialisation des pays africains et de l’économie numérique ainsi que de l’Agenda 2063 actuel de l’Union africaine intitulé « L’Afrique que nous voulons », du CESA 16-25 et du Programme 2030 des Nations unies sur les objectifs de développement durable (ODD), en particulier les Objectifs 4 et 8. À cet égard, l’étude proposera des réponses aux questions clés suivantes : i) Comment pouvons-nous établir des liens de partenariat plus solides, en particulier avec le secteur privé, y compris sur un marché du travail digitalisé , en tant que pourvoyeurs  et investisseurs dans le DCTP ?; ii) Quelles considérations les pays en tant que fournisseur de programmes de DCTP devraient-ils avoir pour le secteur privé et de quelles mesures incitatives ont-ils besoin pour assurer le DCTP dans les domaines  de demande, au-delà de la fourniture de programmes abordables ? iii) Comment peut-on envisager efficacement le rôle du secteur privé dans la conception de programmes de DCTP, afin qu’ils soient en phase avec les besoins du marché du travail ? iv) Comment la demande de main-d’œuvre dans l’industrie évolue-t-elle face aux technologies digitales? v) Comment le secteur du DCTP peut-il jouer un rôle majeur dans le succès à venir de tous les autres secteurs industriels, agricoles, économiques et sociaux ?

V. Méthodologie proposée5

  • Identifier les projets/initiatives mené(e)s par le secteur privé et en partenariat avec le gouvernement, en faveur du DCTP et de la création d’emplois en particulier ;
  • Évaluer les pratiques existantes pour inciter les prestataires de DCTP du secteur privé à soutenir la création d’emplois, en mettant l’accent sur les emplois émergents tels que la digitalisation
  • Évaluer les cadres nationaux existants pour faciliter les forums de dialogue sur les PPP en faveur de la création d’emplois, en particulier dans les métiers émergents comme les emplois digitalisés
  • Evaluer  l’utilisation actuelle des systèmes modernes d’information sur le marché du travail/d’enquêtes sur la main-d’œuvre et déterminer  leur efficience et efficacité, en particulier leur utilisation dans la planification du développement des compétences
  • Évaluer le niveau de la demande de travail (nouveaux emplois) à l’aune des technologies digitales  émergentes
  • Identifier les projets/initiatives phares dans les 5 pays sélectionnés comme étant des exemples à reproduire dans d’autres pays en fonction de leur caractère unique et/ou de leurs innovations en termes d’exploitation des technologies digitales  pour promouvoir l’emploi/la création d’emplois
  • Présenter les constatations clés en termes de solutions innovantes, les enseignements tirés et les faiblesses identifiées aussi bien au niveau des politiques que de la pratique dans la résolution des questions liées au chômage par le biais des technologies digitales.

VI. Résultats attendus

  • Des projets/initiatives menés par le secteur privé, en partenariat avec les gouvernements, en faveur du DCTP et de la création d’emplois ont été identifiés
  • Des pratiques existantes pour inciter les prestataires de DCTP du secteur privé à soutenir la création d’emplois, en particulier dans le domaine du numérique ont été évaluées
  • Les cadres nationaux existants pour faciliter les forums de dialogue sur les PPP en faveur de la création d’emplois, en particulier dans les métiers émergents comme les emplois numériques, ont été évalués ou documentés
  • L’utilisation actuelle des systèmes modernes d’information sur le marché du travail/d’enquêtes sur la main-d’œuvre et l’évaluation de leur efficacité et de leur efficience, en particulier leur utilisation pour la planification du développement des compétences, a été documentée
  • Le niveau de la demande de main-d’œuvre (nouveaux emplois) avec les technologies digitales émergentes a été évalué
  • Les projets/initiatives phares dans les 5 pays sélectionnés ont été identifiés comme étant des exemples à reproduire dans d’autres pays en fonction de leur caractère unique et/ou de leurs innovations en termes d’exploitation des technologies digitales pour promouvoir l’emploi/la création d’emplois 
  • Les constatations clés en termes de solutions innovantes, d’enseignements tirés et de faiblesses identifiées aussi bien au niveau des politiques que de la pratique dans la lutte contre la résolution des questions liées au chômage grâce aux technologies digitales ont été mises en évidence et documentées

VII. Produits livrables

Un rapport complet qui devrait intégrer : i) la cartographie générale ; ii) l’analyse et l’évaluation des projets/initiatives menés par le secteur privé et en partenariat avec le gouvernement, en faveur du DCTP et de la création d’emplois en particulier ; iii) l’analyse et l’évaluation des pratiques visant à inciter les prestataires de DCTP du secteur privé à soutenir la création d’emplois, en particulier d’emplois numériques ; iv) un modèle de cadre organisationnel pour les établissements de DCTP afin de renforcer les liens avec les secteurs productifs et les établissements d’enseignement supérieur et de recherche ; v) l’analyse du système d’information sur le marché du travail/d’enquête sur la main-d’œuvre et l’évaluation de son efficacité, en particulier son utilisation à des fins de planification du développement des compétences ; vi) l’analyse de la demande de main-d’œuvre (nouveaux emplois) avec les nouvelles technologies digitales  ; et vii) des recommandations claires sur les solutions innovantes, les enseignements tirés et les faiblesses identifiées aussi bien au niveau des politiques que de la pratique pour la résolution des questions liés au chômage par le biais des technologies digitales.

VIII. Sélection des pays

En collaboration avec son PQIP sur le DCTP, l’ADEA identifiera 5 pays africains (1 par CER) qui ont fait des réformes substantielles dans le secteur de l’éducation, et en particulier le DCTP, qui ont un secteur privé dynamique, sont bien avancés dans l’utilisation des technologies digitales dans l’éducation/le DCTP et les entreprises. 

IX. Profil du consultant 

  1. Un expert principal justifiant d’au moins 5 années d’expérience avérée dans le DCTP/l’EFTP en Afrique et ayant déjà effectué un travail similaire ; 
  2. Avoir une connaissance solide avérée du DCTP et des questions d’innovation sur le continent ;
  3. Jouir d’une expérience dans le diagnostic/l’évaluation de projets et/ou d’institutions en matière de DCTP en Afrique ; 
  4. Avoir une expérience de travail avec le secteur privé ou d’analyse de la demande de DCTP ;
  5. Avoir une expérience dans l’analyse ou la recherche régionale sur la numérisation et le DCTP ; 
  6. Avoir une parfaite maîtrise de l’anglais et du français ainsi que d’excellentes compétences rédactionnelles ;
  7. Avoir une connaissance avérée en matière de TIC.

X. Calendrier

Du 25 mai au 3 juillet 2020

XI. Soumission des demandes 

Les candidatures (CV et lettre de motivation) devraient être transmises à adea-applications@afdb.org au plus tard le 5 mai 2020 à minuit (12h00) GMT. L’objet du courriel devrait être « Recherche/Etude de l’ADEA sur le DCTP au niveau de la demande ».

En raison de la probabilité d’un volume important de demandes, seuls les candidats sélectionnés seront contactés par le biais d’une correspondance formelle par courriel. Veuillez ne pas contacter l’ADEA ou les membres du personnel pour vous renseigner sur l’état d’avancement de votre demande.

 

[1] Allocution du Président de la BAD lors du lancement du FAE

[2] Source : Stratégie de la BAD pour l'emploi des jeunes en Afrique 

[3] Banque mondiale, 2017

[4] Garantir une éducation de qualité, inclusive et équitable et promouvoir les possibilités d'apprentissage tout au long de la vie pour tous. L'Agenda 2063 lance un appel en faveur du changement de paradigme en faveur de systèmes d'éducation et de formation transformés afin de répondre aux besoins de la prochaine génération en matière de connaissances, de compétences, d'aptitudes, de recherche et d'innovation.

[5] Le consultant est libre d'améliorer la méthodologie proposée dans son offre technique