Message de la Secrétaire exécutive de l’ADEA à l’occasion de la Journée mondiale des enseignants 2015

En 1994, le 5 octobre a été proclamé Journée mondiale des enseignants, en commémoration de l’immense avancée en faveur des enseignants réalisée en 1966 lorsqu’une conférence intergouvernementale spéciale organisée par l’Unesco à Paris en coopération avec l’OIT a adopté une recommandation OIT/ UNESCO portant sur la condition du personnel enseignant. Cette recommandation indique les droits et les responsabilités des enseignants et les normes internationales concernant leur formation initiale et leur perfectionnement ultérieur, leur recrutement, leurs conditions d’emploi, ainsi que les conditions d’enseignement et d’apprentissage. Elle contient également de nombreuses recommandations en rapport avec la participation des enseignants dans les décisions éducatives à travers une consultation et des négociations avec les autorités de l’éducation. Depuis son adoption, la recommandation est considérée comme une importante série des directives visant à améliorer la condition de l’enseignant dans l’intérêt de la qualité de l’éducation.

L’Association pour le développement de l’éducation en Afrique (ADEA) se joint à l’ensemble des praticiens de l’éducation pour célébrer la Journée mondiale des enseignants 2015 qui a pour thème : «Un personnel enseignant fort pour des sociétés durables».

La Journée mondiale des enseignants se tient chaque année le 5 octobre ; c’est une initiative de l’Unesco, une journée consacrée à reconnaître, évaluer et améliorer les éducateurs du monde. L’idée est de prendre du temps pour se pencher sur les questions concernant les enseignants, et de les examiner. Il est important de noter que dans certaines parties du monde, les enseignants ne sont pas traités avec le respect qu’ils méritent.

D’après l’Institut des statistiques de l’Unesco, l’enseignement primaire universel (EPU) reste un rêve encore inatteignable pour des millions d’enfants qui vivent dans des pays où il n’y a pas suffisamment d’enseignants dans les classes. Les discussions actuelles sur l’Agenda du développement post- 2015 incluent un objectif pour renforcer l’offre et la formation des enseignants dans le cadre des efforts déployés pour permettre à chaque enfant d’apprendre dans un environnement scolaire stimulant et propice.

L’Afrique subsaharienne est la région qui connaît les plus importants défis ; elle représente plus de la moitié (63 %) des enseignants supplémentaires nécessaires pour atteindre l’EPU d’ici 2015, ou deux tiers des 60 % d’ici à 2030. Dans la région, plus de 7 pays sur 10 sont confrontés à de sérieuses pénuries d’enseignants. Et la situation pourrait se détériorer encore dans de nombreux pays où les gouvernements luttent contre des classes surchargées et sont confrontés à une demande croissante d’éducation liée à l’augmentation de la population en âge scolaire : Pour toute tranche de 100 enfants en 2012, il y aura 147 enfants en âge d’être à l’école primaire en 2030. L’Afrique subsaharienne à elle seule devrait créer 2,3 millions de postes d’enseignants ici à 2030, tout en pourvoyant environ 3,9 millions de postes laissés vacants suite au départ des enseignants.

Dans la course pour combler cette lacune, de nombreux pays abaissent les normes, et les nouveaux enseignants se retrouvent souvent avec peu ou pas de formation. Sans efforts concertés, ces insuffisances chroniques d’enseignants continueront à priver des millions d’enfants dans les décennies à venir de leur droit fondamental à un enseignement primaire.

Le nouvel objectif mondial de l’éducation, l’objectif de développement durable 4, qui est au cœur de l’Agenda 2030 de l’éducation appelle à des opportunités d’éducation inclusive de qualité et à promouvoir des opportunités d’apprentissage tout au long de la vie pour tous. Cet agenda ne pourra se réaliser que si la société/les gouvernements et les bailleurs investissent dans le recrutement, la formation, le soutien et l’autonomisation des enseignants. Nous sommes tous conscients du fait que cet objectif est essentiel à la réalisation de tous les autres objectifs de développement durable.

L’ADEA, par le truchement de son Groupe de travail sur la profession enseignante œuvre avec ses partenaires pour assurer une amélioration de la qualité de l’enseignement de base en Afrique, en travaillant avec les ministères africains de l’éducation, les enseignants et le personnel éducatif et les organisations professionnelles des enseignants, les établissements de formation des enseignants et de recherche, les ONG, et le secteur privé pour créer un système de gestion et de soutien propice à la formation de l’enseignant et à une amélioration de l’environnement d’enseignement et d’apprentissage pour l’ensemble des enseignants et des élèves.

Cet environnement peut être réalisé à travers le soutien apporté au développement professionnel du corps enseignant, le renforcement des mécanismes de soutien de l’offre d’enseignants, et en encourageant l’élaboration de nouvelles politiques, stratégies et pratiques visant à améliorer les conditions dans lesquelles travaillent les enseignants.

Chacun peut apporter sa contribution en célébrant la profession enseignante, en sensibilisant aux questions relatives aux enseignants, en garantissant que le respect de l’enseignant fait partie de l’ordre naturel des choses.

Je saisis donc cette occasion pour féliciter l’ensemble des enseignants en Afrique qui ont persévéré en dépit des problèmes et je demande instamment à chacun de mettre cette journée à profit pour discuter, comparer, apprendre, argumenter, partager et améliorer cette noble profession.

- Mme Oley Dibba-Wadda, Secrétaire exécutive de l’ADEA