Séminaire technique sur la formulation de Politiques nationales du livre et de la lecture en Afrique
Contexte
L’Association pour le développement de l’éducation en Afrique (ADEA) mène depuis 2016 un dynamique plaidoyer pour la formulation, l’adoption et la mise en œuvre de Politiques nationales du livre et de la lecture dans les pays africains. Sous l’égide de la Section sur les Livres et les Matériel Éducatifs (LME) de son Pôle de qualité inter-pays sur l’Enseignement et l’Apprentissage, en partenariat avec l’Alliance mondiale du livre (AML) de l’USAID, l’ADEA a récemment organisé des forums préparatoires au processus de formulation. Ces forums ont abouti à la validation d’un Cadre continental pour la formulation de Politiques nationales du livre et de la lecture (CCFPNLL) en Afrique.
En étroite collaboration avec la Commission de l’Union africaine (CUA) et d’autres partenaires, l’ADEA tient à diffuser ce cadre dans ses pays membres comme guide essentiel pour l’élaboration de Politiques nationales du livre et de la lecture. L’objectif principal sera de susciter une prise de conscience quant à cet aspect important mais négligé du développement national, transversal à tous les secteurs de l’économie parce qu’il fournit les informations et les connaissances dont le développement social et économique a tant besoin. Il est en effet bien établi que l’information est la base d’une prise de décision éclairée et que ceux qui s’appuient sur des faits et des chiffres prouvés sont susceptibles de prendre de meilleures décisions qui font avancer l’action.
L’Afrique a besoin d’industries de l’édition du livre bien développées, bien organisées et opérationnelles pour garantir le progrès scientifique et technologique, ainsi que pour soutenir et pérenniser l’alphabétisation et l’apprentissage tout au long de la vie, facteurs essentiels à la participation démocratique et à l’épanouissement personnel des citoyens.
Dans leur quête de développement social et économique, les pays africains ont adopté diverses stratégies pour soutenir leurs économies, au nombre desquelles l’éducation formelle. Pendant de nombreuses années, il s’est dégagé une tendance naturelle à adopter les systèmes éducatifs de ceux qui ont colonisé l’Afrique et presque tous les services de soutien sont venus de l’extérieur du continent et l’édition de livres, un des principaux moteurs du secteur de l’éducation, a été parmi les victimes. Cependant, de nos jours, de nombreuses maisons d’édition internationales, en particulier dans les pays anglophones, sont devenues la propriété de professionnels locaux du livre. Le nombre de maisons d’édition appartenant à des Africains n’a cessé de se développer dans le but de se disputer en particulier le marché du manuel scolaire, composante lucrative du secteur, mais aussi de contribuer à l’avancement des connaissances pour les apprenants des niveaux les plus bas à ceux plus élevés. Mais, cela n’a pas été sans contraintes majeures, la principale étant l’absence d’une politique pour guider et renforcer cette industrie stratégique.
Les pays du nord dont l’industrie de l’édition est bien développée et bien organisée et qui soutiennent les auteurs/rédacteurs/illustrateurs, les éditeurs, les imprimeurs, les libraires, les bibliothécaires, et les lecteurs ont amélioré leurs niveaux d’alphabétisation, y compris la culture numérique, grâce à des stratégies institutionnalisées qui favorisent une culture de la lecture et une alphabétisation familiale par le truchement de bibliothèques scolaires et publiques bien développées. Ces pays exportent d’énormes quantités de titres vers l’Afrique et d’autres pays émergents, en particulier pour le marché tertiaire, ce qui rapporte des milliards de dollars par an. Non seulement l’Afrique est en train de subir des pertes du fait de ses importations, mais elle perd également l’occasion d’aider sa propre population à développer sa propriété intellectuelle et la richesse dont elle a tant besoin.
Il faut toutefois reconnaître aux éditeurs africains qui ont continué à résister à la tempête, malgré l’environnement difficile dans lequel ils opèrent, leur mérite. Dans l’ensemble, certains pays africains ont produit un bon nombre de publications à l’intention des utilisateurs à différents niveaux. Ces pays ont besoin de facilitation pour améliorer leurs performances et soutenir ainsi les efforts nationaux de développement par une éducation de qualité et la fourniture de livres appropriés, disponibles et abordables, conformément aux aspirations de l’Agenda 2063 pour l’Afrique et aux objectifs de la Stratégie continentale de l’éducation pour l’Afrique 2016-2025 (CESA 16-25) et dans le cadre de l’Agenda 2030 des Nations Unies.
Introduction
L’histoire de l’édition du livre en Afrique illustre clairement la multitude de défis auxquels l’édition a été confrontée et continue de l’être, bien qu’elle soit censée répondre aux besoins éducatifs, socioculturels, économiques et de développement national de chaque pays. Il est intéressant de noter que le livre a été décrit à juste titre comme le pouls d’une nation, parce qu’il incarne l’identité, l’âme, l’esprit et les aspirations d’un peuple ; il a également trait à la documentation de la propriété intellectuelle et permet ainsi à chaque pays de contribuer au savoir mondial qui découle des diverses expériences pertinentes pour une nation donnée. Par exemple, la Chine, le Japon, l’Inde et d’autres pays ont démontré que les nations se développent plus rapidement lorsque le programme de développement national est dicté par les connaissances et la culture locales.
L’industrie de l’édition du livre occupe une place stratégique dans le développement de la qualité de l’éducation. Le continent a besoin d’une industrie du livre bien développée et fonctionnelle pour le progrès scientifique et technologique, grâce aux innovations de ses propres peuples, entre autres besoins, pour la participation démocratique et l’épanouissement personnel. Par conséquent, l’industrie du livre doit être développée et sous-tendue par une politique du livre et de la lecture bien articulée, comme le prévoit le cadre continental. Cette politique aidera également à réglementer le secteur de l’édition et à se prémunir contre les parties prenantes ayant des intérêts égoïstes qui étouffent le développement du secteur.
Prochaines étapes après la validation du Cadre continental pour la formulation de Politiques nationales du livre et de la lecture
En juin 2019, l’ADEA et l’Alliance mondiale du livre (AML), en partenariat avec la CUA, ont organisé un séminaire régional de haut niveau au cours duquel les pays et les principales parties prenantes présentes ont validé le Cadre continental pour la formulation de Politiques nationales du livre et de la lecture. Ce séminaire a également encouragé les gouvernements africains et leurs partenaires clés à adopter le cadre comme guide pour l’élaboration de Politiques nationales du livre et de la lecture sur le continent.
Dans le sillage de ce Cadre continental validé pour la formulation de Politiques nationales du livre et de la lecture, l’ADEA sensibilisera les pays africains à l’utilisation dudit cadre pour guider l’élaboration de Politiques nationales respectives du livre et de la lecture. L’ADEA appuiera la participation des parties prenantes concernées au processus, sous la direction des ministères de l’Éducation et/ou de la Culture, à la mise en place de Conseils nationaux de développement du livre (CNDL) bien structurés, afin de mener la formulation des politiques par une approche participative. Une fois que ces Politiques auront été formulées et mises en œuvre, la croissance socioculturelle et économique des pays sera garantie pour les générations futures. Il est maintenant temps pour l’Afrique d’œuvrer à cette prise de conscience.
Stratégie
En étroite collaboration avec la CUA et l’AML, la Section LMA de l’ADEA impliquera des responsables gouvernementaux de haut niveau des ministères de l’Éducation et/ou de la Culture qui sont responsables des lignes directrices et de la formulation des politiques, pour discuter et convenir de la manière de lancer le processus de formulation dans les pays respectifs. Pour ce faire, des responsables de haut niveau de l’industrie africaine de l’édition du livre accompagneront les responsables gouvernementaux.
L’ADEA ciblera une dizaine de pays à chaque séminaire, jugés aptes pour adopter cette innovation. Ainsi, le Cameroun, le Sénégal, la Guinée, la Côte d’Ivoire, le Congo Brazzaville, la R. D. Congo, le Burkina Faso, le Togo, le Mali, le Niger, le Gabon, le Tchad et le Bénin de la région francophone constituent le groupe de pays concernés.
Les points focaux de la Section LMA de l’ADEA feront des présentations sur la nécessité d’un cadre politique et l’importance du cadre pour guider les paramètres identifiés pour un bon document de politique. Ils identifieront également des experts au sein des gouvernements et de l’industrie qui feront des présentations sur leur état de préparation en matière de formulation de politiques. Le cadre validé servira de base de discussion et guidera les participants sur une stratégie claire qui sera adoptée pour faire avancer le processus de formulation des politiques. Une boîte à outils sera élaborée et présentée pour faciliter la formulation des politiques dans les pays membres. Ces pays deviendront des modèles pour promouvoir l’adoption progressive de cette innovation par d’autres pays africains.
But et objectifs
L’objectif du séminaire est de vulgariser et d’assurer l’adhésion au document de Cadre continental pour la formulation de politiques nationales du livre et de la lecture dans les dix pays par l’intermédiaire de leurs ministères de l’Éducation ou de la Culture.
Objectifs spécifiques :
- Adopter le Cadre continental pour la formulation de Politiques nationales du livre et de la lecture.
- Discuter et convenir d’une approche harmonisée de la stratégie nationale de formulation de politiques.
- Présenter les outils pour guider la formulation de Politiques nationales du livre et de la lecture.
- Veiller à ce que les pays participants s’engagent en priorité à formuler ces politiques.
- Nommer des Champions des Politiques du livre de chaque pays représenté.
- En prélude, approuver et habiliter les membres du Groupe organique de la CESA sur la culture de la lecture en Afrique proposé par la Commission de l’Union Africaine.
Résultats escomptés
- une claire compréhension du besoin de Politiques nationales du livre et de la lecture (PNLL) ;
- une appropriation par les délégués du Cadre continental validé ;
- la validation des outils harmonisés qui comprend un document de politique et un plan de processus pour la formulation de la PNLL.
- une compréhension claire de la nécessité d’une synergie continue entre les acteurs de la promotion du livre aux niveaux local, national et régional.
- la nomination et l’approbation des Champions de la Politique du livre ;
- la présentation du Groupe organique de la CESA sur la culture de la lecture en Afrique proposé par la CUA.