13ème Conférence Générale de l’Association des Universités Africaines (AUA)
Transformer l'enseignement supérieur africain pour l'employabilité des diplômés et le développement socio-économique
L'enseignement supérieur et le développement socio-économique d'un pays sont maintenant indissociables. Une telle relation relève d’une importance beaucoup plus capitale pour l'Afrique, en particulier l’Afrique subsaharienne (ASS) qui est confrontée à d’énormes défis de développement. L'enseignement supérieur peut contribuer de manière significative au développement du continent grâce à la formation de diplômés ayant les compétences requises pour produire et adapter les connaissances novatrices, et qui peuvent relever les défis de développement humain et social.
Les pays d’Afrique subsaharienne enregistrent le plus faible taux d’enrôlement d’étudiants et par conséquent, le plus faible nombre de diplômés dans le monde. Pourtant, en dépit de nombreux défis et contraintes, les établissements d'enseignement supérieur (EES) africains ont réalisé d'énormes efforts pour répondre à la demande croissante d'enseignement supérieur et ont augmenté leurs effectifs de manière significative, de plusieurs dizaines de milliers en une décennie, dans certains cas. Ces efforts doivent être poursuivis afin de permettre aux pays africains de réaliser les objectifs de développement qu’ils se sont fixés.
L’augmentation du taux de scolarisation et du nombre de diplômés doit être prudemment planifiée en tenant compte des facteurs économiques et sociaux. A l’heure actuelle où bon nombre de pays développés sont plongés dans la crise économique, l'Afrique est actuellement l’une des régions au monde dont la croissance est la plus rapide et cette croissance devrait se maintenir dans les années à venir. Par ailleurs, presque tous les pays africains enregistrent un taux de chômage très élevé. Selon les statistiques, la population africaine est la plus jeune au monde avec de grandes aspirations pour l'éducation. Presque 60 % des personnes sans emploi sont des jeunes âgés de 15 à 24 ans, et un grand nombre d'entre elles sont des diplômés. Dans la planification de leur expansion future, les établissements d'enseignement supérieur africains devront prendre en considération cette croissance non créatrice d'emplois. Les conséquences sociales et politiques du chômage endémique peuvent être dramatiques comme en témoigne ce que l'on appelle maintenant le « printemps arabe ». En effet, le nombre élevé de jeunes et le taux de chômage élevé parmi les jeunes scolarisés sont les deux importants facteurs qui sont à l’origine des troubles en Tunisie et dans d'autres pays du monde arabe.
Il est donc clair que l’augmentation du taux d’enrôlement et du nombre de diplômés ne sera pas suffisante pour avoir un impact positif sur le développement; il faut s'assurer que les diplômés soient employés de manière productive ou soient en mesure d’être des travailleurs autonomes capables de créer des emplois supplémentaires. À l’heure où d’énormes efforts sont déployés pour revitaliser l'enseignement supérieur en Afrique, l’emploi et l’employabilité des diplômés – deux termes étroitement liées mais qui ne sont pas des synonymes – sont des éléments importants qui doivent être pris en compte.
Pour tout établissement d’enseignement supérieur, les facteurs affectant l'emploi et l’employabilité des diplômés peuvent être regroupés en trois catégories : premièrement, les facteurs exogènes s liés à la capacité qu’a un pays à intégrer les diplômés. Ceci a un impact sur l'emploi des diplômés. Deuxièmement, les facteurs endogènes associés aux efforts de l'institution pour assurer la bonne préparation des diplômés, ce qui détermine leur employabilité. Et troisièmement, les facteurs servant de pont entre les facteurs exogènes et endogènes, c'est-à-dire qui relient l'emploi et l'employabilité.